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J'ai d'abord cru que j'étais mort. Dans quel univers venais-je de plonger ? Univers cotonneux et pesant à la fois. Éblouissantes ténèbres.

      Plouf !

     Je sens encore cette curieuse sensation de plongeon dans le sarcophage qui me tenait lieu de corps. Cette impression aussi de venir – ou revenir ? - de si loin... Dans ma tête, si j'en avais encore une, des bribes de souvenirs émergeaient mais s'enfuyaient aussitôt. Des images, plutôt des flashes, crépitaient. J'essayais de les saisir pour reconstruire mon histoire. En vain. Telles des étoiles filantes, elles m'échappaient.

     Péniblement, j'ouvris un œil, puis l'autre. Mes paupières semblaient peser aussi lourd que le couvercle d'un cercueil. Ce que je parvins à entrevoir était flou, mais peu à peu je distinguais des visages masqués se penchant vers moi. « Il se réveille ! » entendis-je alors. Comme un cri de victoire ! J'étais cloué à un lit d'hôpital. Cloué ? Plutôt ligoté par un dédale de tuyaux me reliant à des appareils et des poches en plastique suspendues au-dessus de ce lit.

     « Il se réveille ! » Comment devais-je accueillir la nouvelle ? Ce n'était donc pas dans les abysses de la mort que je venais de plonger mais dans celles du monde des vivants ! N'étais-je pas paralysé ? Il faudrait que j'essaie de bouger les doigts, les orteils, me disais-je. Si je réussis, c'est bon, je ne suis pas paralysé. Mais une certaine paresse, ou une fatigue immense, m'empêchait de faire le moindre effort. L'immobilité me paraissait être la seule façon d'économiser le peu de force qui m'habitait. Étais-je bien ? Non. Étais-je mal ? Non. Je voulais juste me reposer encore un peu. Tenter de bouger les doigts ? J'essaierai demain. Je procrastinais. Et pourtant – était-ce ce jour-là, celui de mon réveil ? Était-ce le lendemain ou beaucoup plus tard ? Je ne saurais le dire car je n'avais pas encore retrouvé la notion du temps – on ne tarda pas à me le demander. Et bien plus encore... au prix d'efforts immenses, non sans l'aide d'un thérapeute, je parvins à bouger les doigts. Un peu plus tard, à tenir debout, puis mettre un pied l'un devant l'autre. Enfin, à marcher ! Mon entourage – ou ce qui me tenait lieu d'entourage car parmi ces visages penchés sur moi aucun ne m'était familier – s'en réjouissait.

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